RUE, patrie des frères CAUDRON

Le G3

Luciole servant de moteur

usine de RUE

Pierre Canteloup

Le G3 sur la plage du Crotoy

   René Caudron est né le 1er  juillet 1884                                     Gaston Caudron est né le 18 janvier 1882

 

Natif de Favières, village près de RUE, ils sont fils d’agriculteurs.

 

Ils décident de construire un avion en août 1908, avec l’aide des ouvriers de la ferme familiale de Romiotte près de Ponthoile. C’est un biplan de 60m2 avec 2 moteurs Farcot. Au printemps 1909, ne les ayant toujours pas reçus, ils décident de faire tirer leur aéroplane par Luciole leur jument.

L’essai réussit. 

 

Ils commencent, le 15 juillet 1909, la construction d’un avion plus petit, muni d’un moteur Anzani 25HP.

Dans un article paru dans la « Revue Aérienne » datée du 25 septembre 1910, l’un des 2  frères raconte le 1er vol avec moteur : « le 21 septembre 1909, après quelques essais, je volais quatre fois 1 kilomètre en ligne droite, le lendemain, enhardi, je volais sur la campagne et fis des courbes, mais j’étais inexpérimenté, et par un vent violent, je fis une chute de près de 20 mètres de haut. J’étais indemne, mais l’appareil en piteux état. Nous réparâmes et je recommençais, pourquoi avoir attendu le 21 septembre pour ce 1er vol, la réponse est fort simple : il fallait que les champs paternel soient récoltés. De ce fait les vols ne pouvaient avoir lieu qu’à certaines périodes de l’année. »

 

Au début de 1910, les 2 aviateurs dont on commence à parler aussi bien en France qu’à l’étranger décident, pour pallier les problèmes de période de vol (champs occupés), de s’installer sur la plage du Crotoy et pour ce faire, ils font construire un vaste hangar en bordure de plage. 

 

Les curieux viennent d’un peu partout voir ces pionniers, des gens astucieux installent une cantine et font éditer des cartes postales.

 

Cependant, les fonds commencent à manquer, et ils décident d’installer à coté de leur hangar une école de pilotage. A cette époque, il fallait être très riche pour devenir aviateur, car il y avait beaucoup de casse, et cela coûtait fort cher.

 

Pour la production  des avions et des réparations, ils créent en 1910 à Rue un atelier 

 

Très rapidement cet atelier devient une usine avec une cinquantaine d’ouvriers. C’est la 1ère usine aéronautique française. Pour soutenir l’exploitation, il fallait vendre beaucoup d’avions et les produire en série.

 

En 1912, après le meeting de Monaco, la Marine Française décide d’acheter des hydravions, de 100 CV, premier modèle d’avion à s’élever de l’eau avec ses roues (il était en réalité amphibie). Le ministre de la guerre envoie se former au Crotoy une trentaine d’élèves et fait l’achat de quelques biplans de 50 CV. 

 

En 1913, René va en Chine pour réceptionner 12 avions biplaces achetés par le gouvernement. Il en profitera pour faire la 1ère photo aérienne de la Cité Interdite (photo visible au musée de Rue). 

 

A cette époque Pierre Chanteloup, qui fait son service militaire à Douai dans le Nord de la France , réalise le premier looping avec son biplan, mais pour éviter les foudres de ses chefs, il demande le silence et, c’est donc rendu à la vie civile, le 22 novembre 19 13, qu’il réédite, devant un public, son exploit à Issy les Moulineaux. 

Après la revue militaire de Satory au mois de mai 1914, on organise des escadrilles avec les meilleurs avions du moment.

 

Dès le début de la guerre, les frères Caudron autorisent l’Etat à  construire des G3 à sa guise et ils ne demandent aucune redevance. Des millions seront économisés par la France. 

 

Très rapidement Blériot, Spad, Sanchez-Besa vont monter des G3 et des G4 bimoteurs.

 

L’ennemi approche de la Picardie , ils décident de fermer Rue et de transférer l’usine, chemin des Alouettes à Lyon. 

 

Pour faire face aux commandes, ils créent, le 1er novembre 1915, une usine à Issy les Moulineaux, rue Guynemer. 

 

Gaston dirige l’usine de Lyon tandis que René gère celle d’Issy. Mais le 12 décembre 19 15, en essayant le premier bimoteur R4, Gaston se tue. 

 

A la fin de la guerre, la comptabilité fait ressortir que d’août 1914 à novembre 1918, 3966 avions furent

construit (1423 – G3 ; 1358 – G4 ; 1185 – divers) par les usines Caudron. A cette époque, l’usine d’Issy occupe

9000 m2 et utilise 1300 ouvriers. Il s’avère difficile de recycler la production d’avions militaires en avions civils et pour donner du travail à ses ouvriers, René se lance dans la fabrication de remorques et de tombereaux. 

 

En janvier 1919, Jules Védrine pose son G3 sur la terrasse des Galeries Lafayette (20x8m). 

Entre 1919 et 1921, suite à toute une série d’exploits (distance, temps, lieux d’atterrissages) sur Caudron, la

presse s’empare de ces événements.

 

 En 1922, l’usine d’Issy commence la production de C59, qui sera produit à 1800 exemplaires. 

En décembre, un jour du salon de l’aviation, Bécheler pose son C68 près du Grand Palais à Paris, replie les ailes et le gare avenue Alexandre III. 

 

L’école de pilotage du Crotoy est transférée en 1928 à Ambérieux. Avec l’école de Royan ouverte en 1934, les 3 écoles Caudron auront formées 17000 pilotes entre 1910 et 1939.

 

Alors qu’il se trouvait chez des amis, en 1932, René aperçoit une maquette d’avion aux lignes impeccables. Il engage l’ingénieur Marcel Riffard, le créateur de la maquette. L’aérodynamisme dans la conception des avions Caudron est né. 

 

« Pour l’anecdote, je rappellerais que Marcel Riffard est le créateur du «vélodyne» (cycle supercaréné) qui a permit avant la guerre de 14-18 à Marcel Berthet de battre le record du monde à bicyclette en réalisant, sans entraîneur, 48,604 km en une heure ». 

 

Le 1er juillet 1933, René Caudron s’associe avec Louis Renault. Dans les usines d’Issy les Moulineaux et de Billancourt se sont 2000 ouvriers qui s’activeront à la construction d’avions.

 

De cette association va naître le Rafale (déjà) et de nombreux records vont être battus. 

 

A la veille de la déclaration de guerre de 1939, René Caudron quitte l’usine Caudron-Renault et se retire dans sa maison de St-Cloud. C’est là qu’il meurt le 27 septembre 1959. 

 

Depuis leur début, les frères Caudron auront construit 10330 avions, financés sur fonds  propres la plupart de leur prototypes, aménager et entretenus les terrains d’atterrissages à leurs frais. Sur ce dernier point, je citerais la réflexion de Roger Labric, un ami de René, « c’est ainsi qu’en France, on encourage les meilleures volontés ». 

 

Les frères Caudron sont inhumés à l’entrée du cimetière de Rue. 

 

Ce texte a été écrit grâce à la documentation de l’office du tourisme de Rue. 

 

Les photos proviennent du site du conseil général de la Somme à l’adresse :

http://public2.cg80.fr/cindocweb_ARC/default.asp?command=connect&uid=consult_web&pwd=consult_web&pid=931 

Un article paru le 7 juillet 1995 dans le journal « Amiens Picardie » m’a rappelé que si la vie m’a promené de la Lorraine à l’Aquitaine, la première partie s’est déroulée en Picardie, à RUE, une petite ville de la Somme , patrie des frères CAUDRON.

 Le but de ce texte n’est pas de vous raconter par le détail la vie de ces 2 frères, il est simplement de survoler la vie de 2 picards, pionniers de l’aviation, que le Quid a oublié et que les dictionnaires courant résument sous les termes suivants : « ingénieurs français, ils construisirent de nombreux avions, employés notamment pendant la première guerre mondiale. »